Marseille, la friche Louis Armand: les habitant.e.s prennent leur place

photo: B.G, Mars Actu

En 2018, un projet de clinique privée à Saint-Barnabé, dans le 12ᵉ arrondissement de Marseille, a cristallisé une opposition citoyenne exemplaire. Prévue sur une parcelle en friche en plein coeur du quartier, la construction devait supprimer des espaces verts et modifier en profondeur l’équilibre urbain local. Face à ce projet jugé opaque et imposé, les habitant.e.s se sont organisé.s en collectif, multipliant réunions publiques, actions de sensibilisation et recours administratifs. 

La mobilisation s’est notamment structurée autour de la création d’une association,“Nos Quartiers Demain”, qui porte aujourd’hui encore la voix des habitant.e.s pour une production urbaine en adéquation avec leurs besoins réels.

Cette mobilisation a été documentée par la recherche-action universitaire Interstice dans leur rapport “Marseille, vers une démocratie située” (2022), porté notamment par les Open Labs Civis de l’université d’Aix-Marseille. Ce travail illustre la montée en puissance d’une contre-expertise habitante à Marseille et, dans cet exemple, son efficacité.

En effet, le diagnostic territorial produit par l’association a été utilisé par le commissaire-enquêteur, qui a remis un avis très défavorable au projet. La mobilisation citoyenne a donc permis de repenser en profondeur l’avenir de la friche. Si elle a émergé de la contestation et de l’opposition à la clinique privée, elle s’est consolidée autour de l’imagination d’un projet plus en phase avec les envies et besoins des habitant.e.s: un tiers-lieu autour des transitions écologique, ouvert sur le quartier. 

Cet exemple illustre la manière dont la mobilisation locale peut devenir un levier de gouvernance urbaine démocratique. À travers ce type de lutte, c’est la manière dont on construit la ville qui est redéfinie, non plus comme un produit immobilier, mais comme un bien commun à co-construire.

Après avoir lancé en 2022 un appel à idées, la ville de Marseille a annoncé en janvier 2025 qu’un centre de formation des marins-pompiers verrait le jour sur cette friche. S’il ne s’agit pas du projet de tiers-lieu imaginé par l’association Nos quartiers Demain, il est n’en reste pas moins que les modes d’action collective mobilisés nourrissent l’ensemble des projets émanant d’initiative citoyenne et posent la question de l’intégration des savoirs habitants sur le temps long du projet urbain, à Marseille et en France.

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